Le coton : en chiffre
Le coton et l’eau

Il faut environ 2700 L d’eau pour produire un chandail de coton, alors que 900 L sont utilisées pour 1 kg de maïs et 1300 L pour 1kg de blé. ce qui ne serait pas trop grave s’il se contentait de l’eau de pluie mais voilà plus de 50% du coton cultivé dans le monde est arrosé artificiellement par irrigation.
Pour ce qui est du concret derrière ces chiffres le seul nom de la mer d’ARAL devrait vous convaincre de réfléchir avant d’acheter un article en coton. La mer d’ARAL ? Mais si vous savez ! Le 4ème plus grand lac du monde, à cheval sur le Kazakhstan, l’Ouzbékistan et le Turkménistan. Sa superficie représente plus de deux fois la Belgique, soit 67 300 km².
Oh! pardon ça c’était avant ! AVANT? mais genre y a longtemps ? euh! ben en fait, moins de 50 ans et oui pas si loin ! Et si vous croyez que cela a servi de leçon allez poser la question à ceux qui vivent prés de la Mer Morte, Mer de Salton, Lac Tchad, Lac Mono, Lac Tulare, Lac d’Ormia, Lac Owens, Lac Mead, Lac Walker… autant d’étendues dont nous parlerons très vite au passé car avec le réchauffement climatique nombre de fonds marins tendent à disparaitre voire sont déjà asséchés
.( inspiré par l’article du site hopaal ici)
Le coton et la pollution

Il faut pratiquer pas loin de 30 traitements sur le coton. Un constat qui fait du coton la culture la plus polluante de la planète. En Inde, par exemple, le coton occupe seulement 5 % des terres cultivables mais reçoit 54 % des pesticides consommés.
En Inde, terre native du coton, la variété « Gossypium herbaceum » originelle ne représente que 10 %de la production alors que pour la variété américaine Gossypium hirsutum, c’est 70 %. Pourtant ce coton américain ne convient guère aux conditions locales, ayant amené avec lui plusieurs maladies, dont le trop fameux ver de la capsule. De plus il exige trois fois plus d’eau et d’intrants* divers, et enfin les rendements chutent au bout de trois ans, contrairement au coton indien dont les rendements restent constants pendant trente ans. Pourquoi cette incohérence ? Elle prend sa source dans l’esprit capitaliste et colonialiste britannique du19e siècle(voir article du blog : le coton 1 § histoire asie).
L’impact pollution ne se cantonne malheureusement pas à empoisonner la terre mais aussi les hommes qui en vivent. Il y a tout d’abord les conséquences sur la santé des agriculteurs qui manipulent des pesticides nocifs sur leur santé. Et la pollution cotonnière continue après avec le blanchiment du coton qui exige du chlore ou des azurants chimiques. Quant à La teinture du coton, elle, requiert souvent d’employer des métaux lourds comme du plomb ou du chrome.
Il faut aussi rajouter l’impact économique avec les coton OGM (pour résister à un ravageur) qui asservissent financièrement les agriculteurs via l’achat de semences qui ont joué quelques temps leur rôle mais dont l’efficacité reste douteuse au regard des pesticides toujours nécessaires face à la résistance du dit ravageur.
*En agriculture, on appelle « intrants » les différents produits apportés aux terres et aux cultures, qui ne proviennent ni de l’exploitation agricole, ni de sa proximité. Les intrants ne sont pas naturellement présents dans le sol, ils y sont rajoutés pour améliorer le rendement des cultures. Les principaux d’entre eux : les fertilisants : engrais et amendements, les phytosanitaires, les pesticides, les activateurs ou retardateurs de croissance, les semences et plants.
Le coton : esclavagiste économique ?

« 24 avril 2013 : Effondrement du Rana Plaza » (à Dacca, Bangladesh) , a provoqué au moins 1 127 morts pour environ 2 500 rescapés (bilan au 13 mai 2013). Ce bâtiment abritait dans des conditions insalubres, des ateliers de coutures de grandes marques internationales : Des étiquettes de vêtements Carrefour (marque Tex), Auchan (marque In Extenso) et Camaïeu ont été retrouvées dans les décombres du Rana Plaza).
On notera que les 30 milliards de dollars d’exportations du secteur textile représentent 80 % des exportations totales du BANGLADESH. Comment s’étonner alors que les gouvernements de ces pays fassent certains choix et comment faire prévaloir l’humain dans de telle conditions ?
D’autres pays sont dans le même cas et le graphique ci-dessous est éloquent

Une étude du Centre pour le Commerce et les Droits de l’Homme de l’Université de New-York a analysé la situation mondiale avec un focus particulier sur l’Éthiopie, le pays africain qui connaît la croissance économique la plus rapide ces dernières années. Dans l’optique d’attirer les investisseurs étrangers, l’Éthiopie a instauré le salaire minimum le plus bas de tous les pays producteurs de vêtements : seulement 26 dollars par mois, soit environ 23 euros.
Coton et politique
« Au moins 1 produit en coton sur 5 vendu dans le monde est obtenu grâce au coton produit dans les camps de travail du Xinjiang d’où sont issus 84 % de la production de coton de la Chine.« » .
2020 dans les colonnes de CNews
Affirmation de 180 ONG qui dénoncent « 1,8 millions de Ouïghours* sont exploités pour ramasser une des principales matières premières de l’industrie textile. Regroupés dans des camps de travail du Xinjiang où ils sont surveillés par des gardiens » .Une accusation que Pékin nie en bloc. Ainsi, lorsque le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a condamné le 21 juillet 2020 les agissements de la Chine à l’égard des Ouïghours et réclamé l’envoi d’observateurs indépendants, il s’est fait accuser de « mensonges ».
Quant à l’industrie textile, elle réagit, pour l’instant, encore trop mollement. « H&M et Ikea avaient déjà déclaré qu’ils n’achèteraient plus de coton qui proviendrait de la région » remarque néanmoins CNews. En face 80 marques internationales font la sourde oreille : Apple, Nike, Adidas, Fila, Uniqlo, Microsoft, Siemens, Volkswagen, BMW, Alstom ou Bombardier…
*minorité ethnique turcophone de confession musulmane qui vit principalement dans le Xinjiang
SOURCES DIVERSES
- extrait de l’article du site CONSOGLOBE à lire ici
- article de WEEBIO : La culture du coton : pourquoi est-elle si polluante ? ici
- article la double face du coton indien
- France infotv : la face cachée du coton
- article : Les problèmes du coton en Inde : Coton étranger, OGM, maladies et pesticides, consommation d’eau ICI